Chienne

« Je voudrais que ce texte décime ma famille entière ». Dès les premières lignes, le ton est donné. Radical. Fiévreux. Irréversible. Chienne n’est pas un cri de douleur, c’est un cri de guerre. Une déclaration de survie. Une bombe d’intime qui éclate sur scène avec la force brute des mots longtemps retenus.

Adaptée par le metteur en scène Fabrice Gorgerat, cette autofiction, à la fois brûlante et précise, plonge dans l’enfance traumatique de deux sœurs. Deux petites filles victimes d’un père monstrueux et d’une mère qui a fermé les yeux. Mais ici, pas de pathos. La narratrice n’est pas une victime, c’est une survivante, une guerrière des mots. Elle décortique, elle frappe, elle refuse le silence. Elle écrit comme on brandit une arme.

Sur scène, pas de grand cri. Mais une présence. Une force calme. Une lucidité tranchante. Une interprétation à fleur de peau, traversée de rages rentrées, de poésie acide, de fierté dure. Car Chienne, au fond, n’est pas seulement une pièce sur l’horreur familiale. C’est un hommage à toutes celles qui se relèvent. Un appel à la reprise de pouvoir. Une ode à celles qui hurlent pour toutes celles qu’on a fait taire.

Un théâtre viscéral, sans concessions. Qui remue, secoue, et libère. Pour de vrai.